Comment les mouches deviennent alcooliques après s’être fait rejeter sexuellement ?

    Si vous êtes un homme célibataire, cette situation pourrait vous être familière : vous passez la soirée à essayer de séduire des femmes dans un bar, mais vous vous êtes suffisamment fait jeter et vous finissez par noyer vos peines. Il s’avère que les humains ne sont pas la seule espèce qui se tourne vers le démon de l’alcool, quand on ne peut pas s’envoyer en l’air. Une étude publiée  (lien plus bas) suggère que les mouches mâles, privées de sexe vont boire de l’alcool afin de stimuler un système de récompense naturelle.

Les chercheurs ont commencé par diviser une population de drosophile de sexe masculin en deux groupes. Chacune des mouches les plus chanceuses a obtenu un véritable marathon sexuel de six heures, avec des femelles vierges réceptives, une fois par jour pendant quatre jours. Les mâles, qui n’étaient pas aussi chanceux, ont été soumis à des sessions d’une heure de rejet sexuel constant par les femelles, trois fois par jour pendant quatre jours.

Puis, les mâles de chaque traitement se sont dirigés vers le bar. Dans ce cas, le zinc local était un bocal où ils avaient un accès illimité à une solution sans alcool et un autre qui contenait 15 % d’éthanol. Conformément à ce que nous pourrions attendre de l’homme, la plupart des mouches qui ne pouvaient pas s’envoyer en l’air ont préféré la boisson alcoolisée à la solution sans éthanol.

Mais les mouches qui ont préféré l’alcool avaient été exposées à deux expériences malheureuses, non seulement ils (les mouches mâles) ont constamment été rejetés, ils ont également été rejetés sexuellement. Était-ce la privation sexuelle ou le rejet qui les a conduits à boire ? Les chercheurs ont comparé les préférences de ce premier groupe de mâles à un groupe qui n’a pas put s’accoupler, mais qui n’a subit aucun rejet (ces gaillards ont été exposés à un autre groupe de mouches malchanceuses : des femelles vierges décapitées qui ne pouvait pas faire la cour ou se reproduire). Ces deux groupes de mâles ont bu la même quantité d’alcool, ce qui suggère que c’est la privation sexuelle, et non pas le rejet, qui entraine se “comportement d’alcoolique”(…).

Ne soyez pas trop triste pour les mâles asexués, car on leur a finalement donné la chance de s’accoupler. Et une fois qu’ils ont atteint leur but, leur préférence a changé : ils n’ont plus cherché la solution alcoolique.

Alors, pourquoi la privation de sexe influe sur les habitudes de consommation de la mouche ? Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’une molécule appelée neuropeptide F (FNP), qui est lié au traitement de la récompense dans le cerveau, peut-être à incriminer. Les chercheurs ont constaté que les niveaux des FNP étaient beaucoup plus faibles chez les mâles qui ont été privés de sexe, par rapport aux mâles accouplés. En outre, en manipulant la génétique des mouches, ils ont découvert qu’interférer avec les récepteurs des FNP augmente la préférence pour l’alcool chez les mâles accouplés. Ceci suggère que le comportement sexuel affecte la transcription de FNP, et les niveaux des FNP sont liés à la préférence de l’alcool.

Ci-dessous : l’expression accrue des FNP dans les cerveaux des mâles accouplées, comme le montre l’immunochimie.

Les chercheurs ont également pu montrer que la FNP est un système de récompense naturelle qui relie ces deux comportements. Après avoir vérifié que le sexe et la consommation d’alcool sont “des récompenses”, ils ont activé artificiellement le système de récepteur des FNP, pour constater que la consommation d’alcool avait diminué. L’activation du système des FNP, en soi, est en fait gratifiante pour les mouches. Si les mâles s’accouplent, le système des FNP est stimulé, de sorte que les mâles ne cherchent pas d’autres récompenses (comme celle de l’alcool). Chez les mâles qui n’ont pas eu d’activité, la production des FNP diminue, provoquant chez celle-ci la recherche des vapeurs d’alcool.

Alors que tous les adeptes du comptoir verront cette étude comme une validation, nous avons encore du chemin à parcourir avant de comprendre le processus de récompense chez l’homme. Nous avons une variante du FNP, appelé le neuropeptide Y, mais nous ne savons pas encore s’il relie le sexe et l’alcool de la même manière que les FNP chez la drosophile. Donc pour l’instant, ne blâmez pas votre sexualité (ou son absence) pour avoir la bouche sèche comme du bois.

La recherche publiée sur Science AAS : Sexual Deprivation Increases Ethanol Intake in Drosophila

Source : http://www.gurumed.org

Un petit coucou d'Ericko ça vous dit.......

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