Peut-on considérer la question du travail sous l'angle du refus sans provoquer d'emblée la réprobation générale ? Est-il possible
d'aborder le thème du chômage sans le présenter sous le signe exclusif de la tragédie, mais en y décelant au contraire un des moyens d'échapper aux griffes de l'exploitation et de reconquérir son
temps de vie ? Attention danger travail en propose l'expérience en présentant une série d'entretiens avec des chômeurs qui ne paraissent ni accablés, ni désespérés.
Une dizaine de chômeurs racontent pourquoi et comment ils ont décidé de ne plus aller travailler. Après avoir fréquenté plus ou
moins longtemps le monde du travail, ces hommes et ses femmes ont fui l'usine ou le bureau, bien décidés à ne pas rentrer dans le moule économique actuel.
Face à un discours menaçant, sans cesse martelé, sur le malheur, la douleur et la honte d’être au chômage, ou devant ces portraits
édifiants de " privés d’emplois qui se battent pour retrouver leur dignité ", des chômeurs visiblement bien dans leur peau rétorque avec bonne humeur qu’ils ne sont pas prêts de monnayer à la
légère leur temps retrouvé. Rompant avec un climat d’angoisse et de peur sciemment entretenu, des personnes aux profils très distincts évoquent leur acte de désertion du marché du travail et la
volonté de ne plus perdre leur vie à la gagner. Ces témoignages inédits sont ici prolongés par des extraits de documents dépeignant un univers de labeur peu fréquentable.
Un film de Pierre Carles, Christophe Coello, Stéphane Goxe
2003 - France - 105 minutes -
Avec l'énergie du moribond, les gouvernants s'emploient à "revaloriser" le travail. Au besoin, par la force. Mais de plus en plus d'actifs ont compris que pour valoriser leur boulot, ils fallaient d'abord qu'ils s'en passent. Et qu'ils se débarrassent aussi du mode de consommation qui va avec. Pas facile, mais pas triste. Panorama d'une désertion appelée à s'étendre.