Faire du Sahara la première usine du monde, ce n’est pas pour tout de suite. Mais Markus Kayser, un designer industriel
bricoleur qui a étudié au Royal College of Arts de Londres, teste dans une vidéo de 6 minutes la première fabrique portative d’objets en verre. Utilisant les matériaux bruts disponibles au
milieu des dunes (la silice contenue dans le sable et le soleil) il a mis au point un processus de vitrification inédit.
A Siwa, dans le désert égyptien à l'est de la vallée du Nil, Markus Kayser débarque avec une petite camionnette blanche. Il
en sort une machine insolite: une photocopieuse munies de deux panneaux photovoltaïques de part et d'autre, et surmontée d'une large lentille de verre.
Que vient faire une photocopieuse 3D dans cette production écologique en plein Sahara? La machine sert en fait à choisir et à
dessiner la forme de l’objet à fabriquer. A la différence près que dans le processus conçu par le jeune designer, le laser habituel de la photocopieuse est remplacé par les rayons du soleil
(concentrés par la lentille en un seul faisceau) et le papier à imprimer par du sable.
Pour la fabrication d’un bol en verre, il suffira donc de mettre en marche la photocopieuse grâce à l’énergie recueillie par
les panneaux photovoltaïques et de remplir de sable la vitre supérieure de l'engin. Une fois la forme de l’objet à réaliser choisie, le rayon solaire (qui suit les lignes d'un bol) met en fusion
le sable, qui se solidifie. Bien sûr, à ce stade, le bol n'a pas l'apparence du verre transparent tel qu'on a l'habitude de le voir, mais il en a la solidité.
La machine solaire de Markus Kayser peut fabriquer tout type d’objet en verre, de la forme la plus simple à la plus
sophistiquée, et ne nécessite qu’une personne pour son fonctionnement.
Une manière simple et rusée d’exploiter les ressources surabondantes du désert. A l’heure où le "réchauffement climatique"
risque d’étendre les zones désertiques du continent africain, voilà une idée qui pourrait faire des émules.
Fabriquer soi-même une imprimante 3D. Certes les objets qui sortent de ces imprimantes bricolées ont parfois le charme maladroit d'un collier de nouilles peintes pour la fête des mères, mais certains électroniciens parviennent à fabriquer avec elles des transistors utilisables.
Signe d'immaturité ou de richesse, l'exploration est en ce domaine très broussailleuse. Outre les classiques résines époxydes ou poudres métalliques utilisées pour déposer couche par couche le matériau à durcir ou à fritter, certains expérimentateurs remplissent les buses de leurs imprimantes 3D avec du chocolat et même... du fromage en spray.
Le concepteur Markus Kayser a laissé sa rêverie déambuler sur des chemins plus verts. Parti dans le désert avec son imprimante maison, il a demandé au soleil de lui dessiner un mouton de sable : plutôt qu'un rayon laser, c'est une lentille de Fresnel qui concentre les rayons solaires sur les grains de silicium et réalise leur frittage couche par couche. Solar Sinter, c'est son nom, est alimentée par des panneaux solaires photovoltaïques et guidée par le programme ReplicatorG à code source ouvert. Solar Sinter, c'est aussi le nom de la vidéo un brin poétique qui montre cette improbable imprimante perdue au mileu du Sahara.
Source: Slate Afrique : La photocopieuse qui fabriquait des bols dans le Sahara