Retour en 2011 avec Last Drop, une animation réalisée par Thomas Dufour, Quentin Retif, Benjamin Weislo et Marc-Antoine Cesari dans le cadre de leurs études à l’Ecole Georges Méliès. En moins de 5 minutes, le court-métrage en 3D démontre à quel point le braquage est une activité… dangereuse. Humour, maîtrise technique, personnages typés et scénario bien ficelé, Last Drop ne laisse aucune chance à l’ennui et se révèle plutôt réjouissant. Plein écran surtout ..........
LAST DROP from Quentin Retif on Vimeo.
Comme c'est Nöel, le petit plus.....................pour les amateurs
Bonjour, je suis Quentin Rétif, un des créateurs du film LAST DROP et je vais tenter de vous expliquer en restant simple quel procédé nous avons suivi pour réaliser notre court-métrage d’animation 3d.
La plupart des gens ne savent pas vraiment comment se conçoit un film d’animation, particulièrement quand il s’agit de 3d. J’ai souvent entendu la phrase :
"Mais de toute façon c’est l’ordinateur qui fait tout non ? "
Si seulement, c’était si facile ce serait extraordinaire. En vérité, la conception d’un tel projet est évidemment bien plus complexe
que cela et demande un temps énorme de travail pour un résultat très court en comparaison. Nous avons travaillé pendant plus d’un an sur un film de 6 minutes et quelques.
La conception d’un film, qu’il soit animé ou en prise de vue réelle suit toujours le même procédé en 3 étapes principales : Pré-production (pour nous les phases de recherche la plupart du temps en dessin), Production (conception des éléments du film en 3d, animation), et la Post-production (retouche des images 3d, ajouts d’effets spéciaux).
Pré-production :
La première des étapes dans la création d’un film est bien sûr l’écriture d’un scénario illustrant l’histoire que l’on veut
raconter.
Parallèlement, il s’agit, également, d’un gros travail de recherche de références, qu’elles soient graphiques, cinématographiques ou
sonores qui va nous permettre de mettre en place un univers propre à notre histoire.
Pour le film LAST DROP, nous nous sommes orientés vers une ambiance années 50. En effet, cette période de l’après-guerre reflète une
naïveté et un espoir de reconstruction énorme qui s’est illustré par le début de l’industrialisation de masse et du marketing à grande échelle, particulièrement aux Etats-Unis.
Étant donné que notre histoire était pleine d’action et plutôt sanglante, nous voulions jouer sur le contraste de la ménagère
parfaite et prendre un point de vue ironique par rapport à cette époque où tout paraissait beau et gentil.
Nous avons donc effectué un gros travail de recherche sur l’identité visuelle de ces années-là que ce soit pour les couleurs ou le
design.
Une fois, le scénario écrit, il faut le mettre en image à travers un " storyboard " qui se rapproche d’une bd, les cases et le
soucis du détail en moins.
Le storyboard permet de savoir de quelle manière nous allons filmer les personnages en train d’évoluer dans le décor.
Ce storyboard évoluera en suite en " animatique 2d " c’est-à-dire en storyboard animé qui nous permettra d’avoir une vision globale
du " timing " (rythme) du film et des actions des personnages dans le cadre. C’est en fait, la partie de réalisation cinématographique pure.
Parallèlement, on effectue les recherches de design des personnages et du décor, qui nous permettront ensuite d’avoir des modèles solides pour commencer la « modélisation 3d » (sculpture en volume). Il s’agit également de créer des couleurs et des lumières propres à notre désir d’ambiance.
Le " turn around " du personnage est primordial pour savoir à quoi devront ressembler le personnage une fois modélisé
Parallèlement, à ces recherches graphiques, l’animatique 2d à également évolué au niveaux des plans choisis, du montage et du son.
Une fois ces étapes terminées, il est temps de passer dans le vif du sujet, la conception 3d.
Production :
Pour commencer la conception des éléments en 3d, il faut, bien évidemment, savoir ce qu’il va être nécessaire de modéliser ou non.
On évite le gâchis, vu le temps que cela prend pour créer une foule d’objets en 3d.
On va donc faire évoluer l’animatique 2d en animatique 3d. Pour cela, on se base sur les cadrages de l’animatique 2d et on modélise
très sommairement les personnages et le décor.
On place, ensuite, les caméras dans les " scènes 3d " et on anime de façon basique les personnages afin de garder cet esprit de "
timing " tant important, surtout en animation.
Une fois, l’animatique terminée, c’est un peu comme une version du film très très simpliste. Mais cela nous suffira pour savoir ce
qui doit être conçu de manière définitive pour la version finale du film.
On peut donc commencer la modélisation 3d définitive. Il faut, créer en volume, tous les éléments qui apparaitront dans le cadre de
la caméra, polygone par polygone.
La modélisation 3d s’effectue grâce a un assemblage de face rectangulaire.
Exemple pour une tête humaine
Une fois la modélisation d’un élément terminée, on peut le mettre à la place de son " clone mal fait " dans l’animatique 3d.
Ainsi de suite, les scène 3d de l’animatique 3d deviennent des scènes définitives du film.
Une fois, la modélisation terminée, nous avons tout le décor placé, au bon endroit, suivant les cadres de caméra ainsi que les personnages statiques.
Cependant, pour que nous puissions animer les personnages, les faire vivre à notre guise, il faut qu’ils puissent bouger.
Vient donc l’étape du " rigging " et du " setup " (la préparation des personnages pour l’animation) qui consiste, grosso modo, à changer la sculpture 3d en marionnette animable.
Le setup étant une partie très technique de la production, je préfère vous passer les détails et vous montrer ce que l’on peut faire, une fois cette étape terminée.
L’animatique 3d est maintenant presque définitive, le décor placé dans les cadres de caméra et les personnages prêts à être animés.
Il s’agit, maintenant, de faire ressortir l’ambiance que nous désirions, tellement, au départ de la pré-production, autrement dit les couleurs (textures) et les lumières. Pour cela, on doit « déplier » tous les éléments 3d tels des peaux de bêtes étirées devant les tipis indiens (c’est la comparaison la plus vraisemblable qui me vient à l’esprit) et peindre dessus., On ajoute ensuite, la lumière qui est générée par l’ordinateur mais qu’il faut régler à son bon-vouloir.
On peut, ensuite, passer à l’animation qui va permettre aux personnages d’évoluer dans les scènes tels des acteurs de cinéma. On essaye de rester en adéquation avec l’animatique 3d, qui nous donnait un rythme approximatif du film.
L’animation est un processus long et fastidieux, mais également très jouissif puisque c’est à ce moment seulement que le film commence, réellement, à exister au travers de l’action des personnages.
Post-production :
Une fois l’animation terminée, il faut « rendre » les images du film. C’est à dire, sortir une image à la fois toutes les
scènes du logiciels 3d pour pouvoir les remplacer dans l’animatique 3d.
Cette partie est heureusement effectuée par l’ordinateur, sachant qu’il y a 25 images dans une seconde de film. Néanmoins, il faut
préparer chaque plan du film avant de lancer le calcul de la machine.
Une fois les images rendues, il faut passer à la partie du « compositing » qui consiste à retoucher les images au niveau
des couleurs, des lumières et de l’ambiance générale, en rajoutant des effets spéciaux (explosions, fumées etc…), afin d’obtenir une image léchée et satisfaisante.
Pour cela, on se sert de différentes parties de l’image qu’on vient assembler d’une certaine façon pour obtenir le résultat
final.
Une fois le compositing terminé, on peut, enfin, effectuer le montage vidéo et sonore, en rajoutant de la musique et des bruitages
sur les scènes d’animation, rajoutant bien évidemment un énorme impact aux images seules.
L’animatique 3d est donc maintenant devenue le film final.
Bien sûr, les étapes que j’ai citées, ci-dessus, se chevauchent la plupart du temps et chaque personne travaillant sur le film effectue des tâches différentes pour tenter d’obtenir la meilleure efficacité possible.
Travailler sur un projet tel qu’un film d’animation 3d est une expérience unique. Que ce soit au niveau technique comme au niveau
humain. Il faut savoir travailler en équipe, rabaisser son égo et pouvoir accepter les avis extérieurs. Ce n’est qu’en obtenant une dynamique de groupe correcte et donc une bonne entente dans
une équipe qu’un projet pourra aboutir correctement.
C’est une expérience longue et difficile mais qui procure également un plaisir incommensurable une fois terminée.
Le fait d’être parti de rien et d’avoir créer un univers et une histoire est une chose très grisante.
J’espère que j’aurais réussi à éclairer quelques personnes sur la création d’un film d’animation, peut-être donner envie à
certains de se lancer dans l’aventure.
Bravo en tout cas à ceux qui auront lu jusqu’au bout ! Sujet souhaité par Serge : hobo-lullaby.!
Source tecnnique : Quentin Retif.